Take Away Show #114 _ MALAIKAT DAN SINGA
J’avais rencontré Arrington De Dionyso quelques années auparavant, lors d’une série de (mauvaises) vidéos tournées a Manhattan. On avait passé un bon moment ensemble, et on se recroisait a diverses occasions, lui avec son superbe français chantant et sa bonne humeur a tout va. On le voyait encore souvent a Paris avec son projet Old Time Relijun, qui avait gagné son petit statut culte au fil des années.
En août dernier, j’avais pris la bonne décision de faire un break, et de ralentir mon rythme de tournage - je m’étais juré de ne rien filmer pendant plusieurs semaines. Il faut dire qu’a un film par semaine depuis 3 ou 4 ans, j’allais a ma perte. J’étais en partance de Seattle, ville peu aimable, et Arrington m’avait proposé de passer chez lui, a Olympia. C’était sur la route du sud, et j’étais curieux de sentir l’étrange énergie de la petite ville du nord ouest, si réputée pour sa scène musicale (K Records, Kill Rock Stars et bien d’autres).
Cela faisait quelques mois qu’il m’avait passé son nouveau disque, Malaikat Dan Singa ça s’appelait, je me souvenais plus exactement de comment il en était arrivé la mais ça sonnait vraiment, comment dire, étrange. Puis Alan Bishop des Sun City Girls m’avait mis la puce a l’oreille - l’amour rend fou.
Le truc c’était : Arrington avait été amoureux d’une femme, qui était parti plusieurs mois en Indonésie. Les rumeurs racontaient qu’il s’était promis de la séduire des son retour, et il avait appris l’indonésien pour l’occasion. Lui chanter des amourettes en indonésien, ça promettait, mais Arrington avait un bagage musical un peu plus complexe, et n’avait pu s’empêcher d’emmêler les pinceaux des rythmes, des chants gutturaux, et des rituels scéniques, pour donner naissance a un monstre, un monstre tout a fait moderne.
Mais je l’avais bien dit a Arrington, ’c’est pas parce que tu me files ton sofa pour une nuit que je vais faire un film pour toi - impossible, je suis fatigué’. Il ne lui suffira que de 3 minutes pour m’annoncer que le groupe débarque dans une heure et qu’on va bien se marrer. Bordel. Je savais que ça allait finir comme ça, et dieu sait que parfois on a pas envie de filmer.
Mais dieu sait que, parfois, c’est bon de se laisser convaincre. On a pas tous les jours l’occasion de filmer le futur de la musique.
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